Dans la province maritime du Liaoning du Nord Est de la Chine se trouve un phénomène naturel étonnant récemment révélé par des sites de voyage comme Tripadvsior, c’est la plage rouge de Panjin. Cette « plage » est en fait une grande étendue de terre mouillée par les marées dans l’estuaire du Liaodong sur laquelle poussent de petites plantes dont les feuilles prennent une teinte rouge en automne. Cette particularité se retrouve à différents endroits de la mer de Bohai, notamment dans l’estuaire du Fleuve Jaune dans le Shandong, mais c’est à Panjin que la zone a été aménagée, c’est la principale attraction de Panjin, une ville industrielle relativement prospère tournée vers la pétrochimie

Nous louons une voiture à la gare de Shenyang North car la zone de Hong Hai Tan (Red Beach) ne semble pas très accessible ne transport en commun. Il est bien possible de prendre un train à grande vitesse jusqu’à la gare de Panjin qui fait la liaison en un peu plus d’une heure, il faut par la suite encore trouver un moyen pour rejoindre le littoral qui se trouve quand même à plus de 50 kilomètres du centre-ville. C’est dans ces moment-là que l’on ressent à quel point la Chine est pays aux dimensions immenses pour nous Européens. Depuis Shenyang, il faut donc environ parcourir deux heures trente de route jusqu’à l’entrée du parc de HONG HAI TAN. Shenyang est la plus grande métropole du Nord Est de la Chine, ex-Mandchourie. Une ville très agréable et moderne, confortable, c’est une rampe de lancement idéale pour les attractions de la région.

Nous passons à côté d'un batiment en forme pièce traditionnelle

L'esplanade de la gare de Shenyang North

Vue classique sur les immeubles

Il y est toujours difficile, même le week-end, mais on arrive à s’extraire des bouchons pour prendre l’embranchement de la G1, l’autoroute de Beijing à Harbin. On roule tranquillement dans la plaine du Liaohe jusqu’à Panjin en faisant attention aux innombrables radars automatiques qui pullulent sur les routes chinoises. On arrive en tout début d’après-midi à Hong Hai Tan, le temps est plutôt maussade, mais on se sent quand même privilégiés car le ciel est noir au loin, il tombe une grosse averse à l’horizon sur les usines pétrochimiques du bord de mer.

En période COVID, il n’y a pas beaucoup de monde qui vient jusqu’ici et encore moins d’étrangers. Il faut beaucoup de temps pour les employés pour décider quels documents je dois fournir pour entrer, alors que mes collègues donnent simplement leur numéro de carte d’identité. Elles sont néanmoins adorables, et après leur avoir proposé de tout photocopier – ce sera plus simple et plus sure pour elles – elles acceptent de me laisser payer le ticket d’entrée de 110 RMB pour accès avec voiture personnelle. On entre dans le parc avec le véhicule, plutôt que d’attendre les navettes à chacun des points d’intérêt, cela s’avère bien plus pratique et très agréable car on peut s’arrêter ou l’on veut à l’intérieur du parc qui fait quand même presqu’une vingtaine de kilomètres sur les berges de la Mer Bohai.

Des installations en bois sont installées pour s’aventurer au plus près de la mer, qui subit de gros phénomènes de marée par ici, et s’est retirée bien au loin lors de notre passage, laissant apparaitre les innombrables crabes de mer qui sont installés dans ce sable noir.

Le temps orageux ne donne pas un rendu visuel parfait pour les photos, mais on apprécie ressentir la puissance du vent maritime et ses embruns qui nous bouscule par sa force.

Un peu plus loin, on arrive dans la zone la plus rouge de Hong Hai Tan. La couleur pourpre des plantes a donné l’idée d’installer les cinq étoiles du drapeau chinois.

Un chemin est installé ici aussi pour s’aventurer « sur » la plage. En fait, il n’est pas possible de marcher dessus au risque d’abimer l’écosystème donc ces passerelles permettent de profiter du paysage sans l’abimer.

Ce lieu est idéal pour amener un drone et prendre des photos de cette passerelle qui se fraye un chemin dans ce fond rouge.

Des ruisseaux traversent la plage rouge, tranchant avec l’homogénéité du paysage.

Il est important de savoir que les images sur internet de Hong Hai Tan abusent des fonctions saturation de Photoshop pour ressortir aussi rouge sang. On le savait avant de venir, il suffit de comparer les photos promotionnelles où parfaites des vrais amateurs par rapport à celles des voyageurs lambda sur des sites comme mafengwo ou mieux encore ici sur ce blog.

Au fond on aperçoit les derricks qui répètent à l’infini leur va et vient pour pomper les hydrocarbures du sol de Panjin. Il est possible de s’aventurer au plus près de ces derricks sur une plateforme qui a été malheureusement abimée, probablement par un des nombreux typhons qui ont frappé la région cet été.

Il y avait pas mal de monde au niveau de la passerelle principale, mais alors ici on est seuls au monde, l’ambiance est lugubre. Entre cette passerelle détruite, la plage rouge puis la mer de Bohai, les derricks, le vent souffle très fort, il n’y a aucun autre bruit, la route se finit ici. On a l’impression d’être arrivé dans un monde post cataclysmique.

On continue notre exploration le long de cette route du littoral. On peut s’arrêter où l’on veut pour prendre des photos ou s’asseoir au-dessus de la plage face au vent. Là où il n’y a pas de passerelle, il n’y a en fait personne, la solitude totale.

Malheureusement la zone la plus belle de tout le parc ne se révèle pas à la hauteur. Peut-être que nous sommes venus trop tôt dans la saison ou alors cette année les plantes ne poussent plus à cet endroit cette année autour de cette passerelle circulaire, ici le sable est mis à nu. Pas de plantes rouge malgré les photos qui présentent l’aspect idéal et attendu de cette zone. Seuls des milliers de crabes sont là, eux qui ont perforé le sable de leurs innombrables trous.

Au loin on peut quand même apercevoir quelques zones où les plantes ont une belle teinte rose mais on a un peu de déception quand même. On se rend compte aussi que les plus belles photos sont faites avec un drone, afin d’avoir un cadre vertical large avec les ruisseaux blancs qui tranchent la plage rouge. La ballade est quand même vivifiante et certaines zones non développées sont bien rouge, malheureusement à cet endroit pas de passerelle.

On termine notre après-midi à Hong Hai Tan et décidons de faire un arrêt à Panjin pour le diner, car il y a pas mal de route jusqu’à Shenyang. Panjin est étonnamment grande, je ne m’attendais pas à une ville de cette dimension, même si pour la Chine cela reste une petite agglomération de province. Ici il ne semble pas y avoir beaucoup d’entreprises étrangères, mais le pétrole, la chimie semble apporter une certaine richesse à la ville. On mange dans le centre-ville vers le Wanda Plaza, qui jouxte une magnifique mosquée que je n’ai malheureusement pas pu photographier, à cause de la circulation un peu chaotique autour du Mall. Après cette étape culinaire, nous reprenons la route de nuit jusqu’à la capitale du Liaoning. Il faut encore compter deux heures trente. Le soir, l’autoroute G1 semble être une enfilade ininterrompue de camions qui prennent les deux voies de droite, parfois même la troisième voie, la plus à gauche. La dimension de certains engins les oblige à déborder sur deux voies et il faut donc garder une attention permanente pour éviter les accidents. « Heureusement » que tout le monde conduit avec les pleins phares, cela permet de ne pas somnoler car à chaque fois on est aveuglé dans les rétroviseurs…

Aller à Panjin ressemble donc à une excursion bien hors des sentiers battus. Par contre personnellement je ne recommanderai de pousser jusqu’ici qu’en haute saison lorsque les couleurs sont à leur climax. L’effort pour arriver jusqu’à Panjin et Hong Hai Tan est important, personne ne parle anglais et il vaut mieux avoir son propre véhicule ou le louer pour être libre de ses mouvements. C’est vraiment encore hors des radars du tourisme même si on a croisé des touristes de toute la Chine. Si cela vous intéresse de vous y rendre, je pense qu’il doit être possible de trouver un chauffeur à la gare de Panjin pour vous transporter toute l’après-midi et vous ramener à la gare ensuite, mais j’imagine que la prestation n’est pas donnée (environ 150km pour faire la boucle depuis la gare, jusqu’à Hong Hai Tan puis retour à la gare).