Nous parcourons les routes du Sud de l’Anti Atlas de Tafraout jusqu’aux portes du désert à Foum Zguid, ce matin nous quittons les montagnes rougeoyantes pour un long périple qui nous amènera non sans péripéties jusqu’aux dunes de sables. Sur ces routes qui parcourent un paysage désolé, désert, on est fasciné par la beauté et la grandeur des paysages, qui changent tellement vite dans cette partie Sud du pays.
Nous partons au aurores de notre hôtel de Tafraout, nous mangeons quelques crêpes et buvons une tasse de café avant d’entamer le long périple qui nous attend aujourd’hui. Les nuits à Tafraout ont été fraiches, très fraiches, il faut être courageux pour prendre la douche malgré les températures. Alors qu’il faut chaud la journée pour un mois de Décembre, le thermomètre approche de zéro sitôt la nuit tombée, et les chambres ne sont pas chauffées. Il faut empiler les couches de couvertures pour essayer de ne pas trop avoir froid . C’est pour cela que l’on est un peu dans le brouillard au moment de partir, pas bien réveillé. Heureusement, les paysages semblent s’éveiller doucement avec nous, alors que l’on arrive au col qui ferme la vallée de Tafraout, le petit village en contrebas est toujours dans l’ombre. Il n’y a pas beaucoup de monde sur la route.
Nous ne prenons pas la route principale qui retourne vers Agadir mais on bifurque un peu après ce col en direction de Tata, une oasis au Sud du Maroc. On traverse de hauts plateaux désertiques sur de longs kilomètres, malgré le temps de voyage, on profite de ce paysage exceptionnel, si différent.
Il n’y a pas d’arbre, pas d’eau, pas de village, on imagine qu’il ne doit pas beaucoup pleuvoir et pourtant le relief a des formes très particulières, avec des canyons qui serpentent en contrebas.
Ces montagnes semblent striées par une force supérieure, qui aurait peint le paysage.
Hier nous avons fait quelques achats à Tafraout et ma copine voulait absolument acheter une djellaba. Elle n’aimait pas les versions pour femme et elle a finalement acheté en connaissance une longue djellaba pour homme, celle avec la capuche en point au-dessus de la tête. Ce vêtement est très adapté aux conditions climatiques de la région et tient très chaud. A ce moment là, il ne fait que 11°C.
Le plateau aride semble interminable, la route traverse ces paysages fascinants où on espère ne pas avoir un problème mécanique, nous ne croiserons personne sur tout ce chemin, jusqu’à la nationale.
On arrive finalement à un premier village, le vieux village est en retrait de la route, un peu plus haut dans la vallée, au bord du canyon où doit couler l’eau lorsqu’il pleut, alors que le nouveau village est en contrebas d’une montagne aux stries qui forment de hautes vagues magnifiques.
Dans le lit de la rivière asséché bordée de palmiers, on trouve un troupeau de dromadaires et leurs maitres.
On arrive sur la route nationale, très roulante et toujours absente de trafic, on roule en regardant le paysage de chaque côté et on fait de nombreux arrêts photos. Les montagnes ont toujours cette couleur ocre, mais ça a changé, on a quitté les hauts plateaux désertique, on entre maintenant dans un large vallée et la route passe dans le lit d’un oued asséché.
Tout à coup on croise un immense troupeau de chameaux sur le bord de la route. Il y en a des centaines. On arrête la voiture pour s’approcher de ce spectacle.
Les animaux n’ont pas peur de nous et passent leur chemin d’un pas lent sans vraiment faire attention. Ils sont très calmes.
Nous reprenons la route en direction de Tata, le Maroc de nouveau nous montre une nouvelle facette.
Les acacias poussent dans le sol aride avec de superbes montagnes en arrière plan.
Nous faisons un arrêt dans une boulangerie de Tata pour reprendre un peu des forces. La ville que l’on ne fait que traverser semble avoir une atmosphère un peu endormie par la chaleur et la poussière du désert. On est pass de 11°C ce matin à Tafraout à 26°C en milieu de journée. Il y a une belle casbah à visiter et des expéditions dans les alentours. Ici on commence à sentir que l’on s’approche du désert, ici et là on voit des amas de sable, à d’autres endroits, le sol est formé de sable durci. Les acacia, ces arbres magnifiques symbole de l’Afrique semblent pousser partout où de l’eau est caché.
On arrive enfin à notre destination, la petite ville de Foum Zguid. La route nous aura pris une grosse demi journée, mais on ne regrette pas tant nous avons apprécié les paysages que l’on a pu voir. Foum Zguid est une ville porte du désert. A l’écart des circuits touristiques majeurs du Maroc, on ressent une ambiance particulière ici. On avait voulu intégrer dans notre itinéraire au moins une nuit dans le désert de sable, au milieu des dunes, mais on ne voulait pas non plus faire la route depuis Tafraout jusqu’à M’Hamid ou Merzouga, cela aurait été beaucoup trop long. Comme le désert de l’Erg Chigaga part de M’Hamid en direction de l’Ouest, j’avais cherché des agences qui pourraient nous y amener depuis l’autre côté, donc depuis Foum Zguid. En fait il y a plusieurs opérateurs disponibles, mais ce n’est pas vraiment développé. Nous trouvons l’annonce de Bivouac Les Nomades sur Booking et on réserve une nuit, sachant qu’il faudra un 4x4 pour rejoindre le campement, on se met d’accord pour un point de rendez-vous. C’est une formule que je recommande si vous êtes partis pour un tour du Sud Marocain depuis Agadir, mais pas depuis Marrakech. Le désert est moins grandiose ici que du côté de l’Erg Chigaga mais cette version alternative et plus confidentielle nous a convenu parfaitement. Surtout que l’on avait déjà été à Chigaga.
Notre guide pour le bivouac dans le désert de ce soir, Mustapha, nous donne rendez-vous sur la place principale, là où se trouve toute l’animation de la ville autour du rond point et d’un parking où sont garés tous les énormes camions d’expédition qui semblent tirés de Mad Max. On est bien assis sur ce parking à l’ombre d’un grand arbre. Le restaurant propose des grillades et on se laisse tenter, bien que l’on avait déjà un peu grignoté à Tata. On a bien fait, Mustapha arrive en retard car il a eu un souci de voiture. On monte dans le Land Rover Defender de Mustapha après avoir garé la voiture sur le parking d’un hôtel. Sitôt après Foum Zguid, on tourne à gauche et on dit au revoir au doux revêtement d’asphalte et entre sur une piste de cailloux. La voiture roule sur ces cailloux et fait un bruit d’enfer, ça secoue dans tous les sens. On passe devant des. Paysages qui mêlent petites dunes de sables, cailloux, et les acacias.
Au loin, on aperçoit le relief, avec une montagne en forme de tajine. Cette région pourrait mériter une exploration plus complète que notre simple soirée au bivouac. La route est faisable avec un 4x4 de location sans aucun problème, il est facile de se repérer, au moins jusqu’aux plus grandes dunes où là il faudrait avoir plus d’expérience. En tout cas, je prends le volant pour une deuxième partie du chemin qui dure environ deux heures.
Malheureusement, le 4x4 nous fait des siennes et il perd tout à coup toute son accélération. Le moteur s’essouffle et cale dès que l’on enclenche une vitesse. Il semble avoir perdu toute son énergie. On fait un premier arrêt, on cherche à trouver l’orgine de la panne et à réparer mais cela ne marche pas. Finalement, un véhicule arrive et un vieux touareg sort de la voiture, il aspire l’arrivée de gasoil avec sa bouche et le moteur semble enfin vouloir reprendre des forces. On remercie notre mécano du désert et on repart. Malheureusement, le problème revient alors que le soleil commence à décliner rapidement.
Cette fois, cela semble plus compliqué que prévu. Au loin, des camions d’expédition sont arrêtés et bivouaquent et Mustapha décide d’aller chercher de l’aide. Il revient avec une boite à outils un peu plus complète que celle qu’il avait embarqué et il commence à démonter le filtre. On fait mauvaise fortune bon coeur, le paysage autour de nous est splendide, on n’est pas encore dans les dunes mais cette zone est très belle, avec de beaux acacias derrière le coucher de soleil.
Des ânes paissent les rares arbustes, ils prennent peur lorsque je m’approche.
On arrive à redémarrer encore une fois et on repart après avoir remercié les allemands de nous avoir prêté leur outils. Cette fois, on sait que l’on va avoir des difficultés pour arriver d’une traite au bivouac. Le moteur toussote de temps en temps, et il faut à chaque fois s’arrêter, ouvrir le capot, pomper le gasoil, redémarrer et repartir pour cinq minutes, et recommencer. Le soleil se couche maintenant, on refait la même opération une dizaine de fois avec la lampe du téléphone dans la nuit noire. On arrive finalement au bivouac, un autre groupe composé d’un géorgien et un autrichien est déjà installé. En attendant le diner, nous partons faire le tour des environs. On admire les étoiles dans ce ciel si clair, il y en a tant dans le ciel ici.
La soirée se déroule autour du feu, on discute et Mustapha met l’animation. C’est très agréable d’être proche du feu, sa chaleur est tellement agréable alors que les températures cette nuit dans le désert doivent avoisiner les 0°C. On se couche dans une des tentes du bivouac. On demande plus de couvertures car il fait froid comme dans un frigo, le désert se mérite. On fait le lit avec 5 couvertures, en espérant que cela suffise. La nuit sera courte, le visage était glacé surtout le bout du nez, mais surtout on a mis le réveil pour pouvoir aller profiter du lever de soleil. On s’habille rapidement avec tout ce qu’on peut et on sort dans la nuit glaciale, les lueurs de l’aube commencent à envahir le ciel.
On marche dans les dunes pour trouver un point de vue avantageux. Les dunes ressemblent à une mer dont les vagues auraient été figées.
Le sable prend des couleurs ocres avec les rayons du lever de soleil, le sable a été sculpté pendant la nuit par le vent qui a dessiné des vaguelettes, c’est magique.
Le soleil va pointer le bout de son nez et venir nous réchauffer.
On est aux premières loges pour ce lever de soleil, dans un silence parfait.
Ici le désert s’étend presque à perte de vue, on pourrait rejoindre M’Hamid de l’autre côté de la mer de dunes en plusieurs jours de trek. Nous n’avons pas assez de temps lors de ce voyage au Maroc, mais cette brève incursion dans le désert, et surtout au lever de soleil, nous a comblé.
Entre les dunes, on remarque une croute blanche qui recouvre le sol. Ici il y a eu un lac, le lac d’Iriqui qui est maintenant disparu et a laissé la place à une mer de sable.
On admire le lever de soleil qui vient éclairer le désert de sa lumière douce, les teintes changent au fur et à mesure.
Aussitôt on sent la température qui devient un peu plus supportable, la vie dans cet environnement est rude, tous les jours on alterne entre le soleil brulant et la nuit glaciale. Seuls les deux intermèdes du début et de fin de journée permettent d’avoir un peu de répit.
On rentre vers le bivouac tranquillement en profitant de la vue depuis différents points de vue. Il est temps de petit déjeuner pour lever le camp.
Après petit déjeuner simple et beaucoup de café, on s’est enfin réchauffé. On range les affaires car on doit rejoindre Foum Zguid. Ce petit avant gout dans le désert a été court, mais intense en aventure. On quitte le bivouac pour continuer notre route.
La voiture ayant toujours un problème, un mécanicien du village est venu pour nous tirer jusqu’à Foum Zguid. Le retour prendra donc plus de temps que prévu mais moins que l’aller hier. On prend cela avec philosophie, c’est aussi cela l’Afrique on se dit, il ne faut pas imaginer un itinéraire sans embuches et surprises. Tout est sous contrôle, on a un mécano avec nous cette fois.
Les paysages sur la route sont merveilleux, on quitte maintenant les dunes.
Le lac Irriki est maintenant une immense plaine où pousse quelques bosquets ici ou là, entouré par le sable et de plus hautes montagnes au loin.
On retrouve le pierrier qui ne nous avait pas manqué lui. Alors que rouler dans le fond du lac plat était rapide et agréable, le pierrier fait bouger la voiture dans tous les sens. Il y a beaucoup plus de beaux acacias bien dodus ici qui égayent le paysage.
Un relief familier se dessine au loin, le mont tajine est en vue on est plus très loin de Foum Zguid.
Il nous faut passer la dernière section du désert qui est la plus pierreuse. Deux fois, la sangle qui tirait le 4x4 lâchera, ce qui nous permettra de faire des arrêts photo impromptus et bienvenus.
Après avoir déposé le 4x4 en panne au garage, on retourne chercher la voiture à l’hôtel et on décide de manger tous ensemble dans un restaurant de grillade de la place principale de Foum Zguid. Les brochettes sont excellentes et cela nous donnera suffisamment de force pour la suite du voyage. Entrer dans le désert par ce petit village est une option tout à fait recommandable pour ceux qui font un voyage dans l’Anti Atlas comme nous, c’est une bonne base de départ. Il est aussi possible de rejoindre les immenses dunes de l’Erg Chigaga mais dans ce cas, il faut probablement prévoir une journée supplémentaire. En tout cas, au vu de l’état du chemin, c’est aussi faisable avec son propre véhicule de location 4x4 sans grande difficulté, mais en premier du matériel de réparation et de première nécessité au cas où.