Par chance, je me réveille aux premières lueurs. Il faut dire que le dromadaire a dormi a côté de moi et je ne sais comment il fait ce bruit bizarre, on croirait une gourde que l’on agite quand il bouge dans le silence du désert, puis il se met à mastiquer. Lorsque je sors la tête de la tente, cet énorme animal me regarde avec son air placide en ruminant.
je m’habille en vitesse pour monter sur une dune voir le soleil se lever.
La douceur de la lumière sur les dunes, le vent léger souffle, le visage refroidi par la nuit est réchauffé dès les premiers rayons. Encore un moment extraordinaire.
Le soleil éclaire progressivement le désert dans le silence le plus complet.
Toujours une aussi belle lumière, le Maroc m'aura vraiment gâté.
Avant de prendre le petit déjeuner, une petite balade aux alentours s'impose. Je pars plein Est voir une dune que je n'avais pas exploré la veille au soir.
Le feu repart rapidement et on mange un solide petit déjeuner au pied de la dune. C’est déjà l’heure de repartir, on remballe le camp et je monte sur le dromadaire pour la matinée. Ca change de la marche, on est vraiment en hauteur sur l'animal.
On marche encore un moment dans les dunes avant de traverser l’Oeud Drâa qui est actuellement complétement à sec. Il y a peu de sable dans cette zone du désert, on marche sur un sol soufflé par le vent du désert, la terre est dure, le soleil tape très fort, bien que l’on soit début Février. D'ailleurs, je sens mon bras qui commence à rougir et à piquer, je le couvre avec le cheich pour éviter de finir la journée avec le coup de soleil de l’année. Mustapha va voir si il y a de l'eau dans le puit abandonné par des paysans qui ont préféré fuir le désert pour vivre à M'Hamid.
C’est en marchant que l’on ressent vraiment le désert. Je voulais vraiment vivre cette expérience de trek dans le désert et y dormir, c’était un moment incroyable, on trouve une grande sérénité et beaucoup d’humilité envers la Nature. Le désert est un endroit parfait pour réfléchir.
En début d’après midi, alors que l’on se dit au revoir avec Mustapha, j’ai déjà envie de revenir à M’Hamid pour marcher encore plus longtemps. Une prochaine fois, c’est sur !
Alors que Mustapha rentre à M’Hamid avec les dromadaires au galop (impressionnant son départ d'ailleurs) pour accompagner un autre groupe qui arrive en fin d’après midi, je pars avec Mohammed aux dunes de Chegaga en 4x4. Il vient nous récupérer et nous traversons le désert pour aller passer la fin de journée et dormir aux pieds des plus hautes dunes du Maroc, à 40 km de là. La piste alterne champs de cailloux, sable mou, terre durcie... On se croirait dans un rallye raid, c'est la première fois pour moi mais c'est vraiment impressionnant.
Encore un autre arbre solitaire.
Au loin, les montagnes bordent le désert.
On traverse le désert avec ses différentes facettes, le désert de cailloux est impressionnant par son aridité.
Quelques arbres solitaires seulement poussent ici et là.
Puis nous arrivons à un puit, nous prenons de l’eau que nous chargeons dans la benne du 4x4 pour ravitailler des nomades un peu plus loin.
Ils vivent avec leurs bêtes dans des conditions très sommaires, au milieu de tous ces cailloux. La vieille dame fait un signe à Mohammed en montrant son bras, je devine le sens, elle demande de l'aide pour décharger les bidons d'eau. Pas de souci, on se met tous les deux au boulot, c'est un minimum que de ne pas la laisser décharger elle-même, déjà moi je les trouve bien lourd ces bidons !!
L’oasis sacré est un arrêt pour tous les 4x4 qui amènent les touristes sur la piste de Chegaga.
Une source coule ici, des palmiers ont poussé autour.
Un hotel a aussi été construit ici. A côté de l’oasis se trouve une belle carcasse de voiture abandonnée.
Les arbres autour de l'Oasis sont aussi très jolis.
Lorsque l’on arrive à l'Erg Chegaga, on a l’impression d’arriver face à une mer de sable. La dune la plus haute fait 300m de haut, elle est majestueuse et les dunes telles des vagues de sables s'étalent à perte de vue. Quand le 4x4 passe dans le sable mou, on a un peu l'impression de voguer plutôt que de rouler.
C’est la fin de journée alors je monte tout en haut de la dune pour le coucher de soleil. Il ne faut pas croire, c’est un sacré effort physique de monter là haut, on s’enfonce dans le sable, et en soulevant le pied on emporte beaucoup de sable, ça fait un bon exercice pour le cœur.
Alors que la dune semble si proche, il faut un peu de temps pour monter et on a différents points de vue sur ce désert grandiose. Comme d'habitude, je prends mon temps et ne prends pas le chemin le plus court.
Le panorama est magistral, le désert comme on l’imagine avec des dunes aux belles courbes, aucun arbre, juste du sable, du sable, du sable encore et toujours. Ici la végétation est bien plus éparse.
Toutes ces dunes sont incroyablement hautes, puis bizarrement on voit au loin que les dunes s'arrêtent net laissant la place à une plaine. Ces contrastes sont étonnants, en tout cas je ne me les explique pas.
Je monte sur la plus haute dune en marchant sur la crête, le sable est mou et le pied plonge profondément ce qui rajoute encore à l'effort.
Dénouement de ma petite mésaventure en début de séjour maintenant : A ce moment là, je reçois un SMS d'un numéro de portable marocain : "C'est Mohammed, il faut que tu viennes à Skoura, rappelle moi URGENT". Comme j'avais mon téléphone dans la main car j'étais en train de faire un test de vidéo, je rappelle donc immédiatement le numéro du SMS.
C'est Mohamed du gite de la palmeraie de Skoura qui répond, je reconnais tout de suite sa voix. Il me remercie de l'avoir rappelé rapidement. Il m'explique que cet après midi, des clients avaient réservé une chambre alors il voulait les mettre dans la chambre dans laquelle j'avais logé. Avant l'arrivée des clients, il était aller faire un tour de la chambre pour voir si tout était en ordre. Il me dit qu'il regarde toujours partout pour voir si il n'y a pas quelque chose qui ne va pas. Et là, il a trouvé quelque chose de bizarre.
Un truc bleu tout au fond, dans le coin des murs, sous le lit dans une zone d'ombre. Le genre d'endroit bien caché. Il attrape ce truc bleu, c'est une petite sacoche zippée. Il l'ouvre et tombe sur une liasse de billets et une carte bleue avec mon nom dessus. Il descend dans son bureau et cherche mes coordonnées que j'avais laissé lors de la réservation. Et voilà, il m'envoie un SMS il y a quelques instants...
Wow !!! Je reste un instant sans voix : même si je m'étais fait une raison pour ne pas gâcher mon voyage avec cette histoire d'argent perdu, j'étais quand même embêté. Je ne voulais pas y penser, mais parfois je me disais "zut ! Avec cet argent j'aurai pu payer de mon premier tiers d'impôt en rentrant, à la place ben je mangerai des pates!"
Là vraiment je suis vraiment très heureux et soulagé. Je ne sais pas comment remercier Mohammed de m'avoir rappelé, quelle gentillesse. En tout cas, je sais ce que je fais pour la suite de mon voyage, c'est retour à Skoura pour une nuit. Je lui dis quand est ce que je viendrai et je lui réserve donc une chambre pour le lendemain.
Soulagé, je profite encore plus de ce paysage incroyable.
Depuis le sommet, on domine tout l'Erg jusqu'aux montagnes qui marquent la frontière avec l'Algérie.
Et de l'autre côté vers le Nord, la vue est pas mal non plus.
On voit des traces de quad ou 4x4 sur les petites dunes en contre bas.
De superbes courbes mises en valeur par les ombres de la fin de journée.
On est quelques uns à admirer ensemble le coucher de soleil. Notamment une mère et son fils originaires de Bale en Suisse super sympas. Ils sont venus avec leur guide Mustapha de l'auberge la Palmeraie de M'Hamid. Mustapha se définit lui-même comme un "crazy nomad" en rigolant, et d'ailleurs pour le prouver, il monte sur le snowboard et décide de dévaler l'immense dune de Chegaga, jusqu'en bas à l'endroit le plus raide ! (voir le point rouge au milieu de l'image).
Fou rire général, mais aussi une sacré admiration pour Mustapha car il y a de l'angle et il est allé "dré dans le pentu" comme on dit ici, à vitesse folle. L'avantage des dunes c'est que quand tu arrives en bas, ça remonte de l'autre côté donc pas besoin de freiner...
Mais en plus, on a de la peine pour lui car il va devoir tout remonter, ça va être long car pas de remontées mécaniques ici.
Il y a aussi Michel, un Québécois qui malheureusement est malade et il ne profite pas vraiment du coucher de soleil avec la même plénitude que nous. C'est même dur pour lui. Il a pris froid car il ne s'attendait pas à ce qu'il fasse aussi froid la nuit dans le désert et n'était pas assez bien équipé. Dommage, il préfère redescendre alors que les lumières chaudes de la fin de journée rende le paysage brulant. Avant de partir, il me dit qu'il compte aller à Skoura demain soir. Quelle coïncidence, je lui dis que moi aussi car j'ai un truc à faire là bas. Avec son état de santé, je lui propose de faire la route avec moi, ce sera plus agréable pour lui d'être dans une voiture plutôt que dans les bus et taxis pour ce périple. Il me remercie, mais ce n'est rien et c'est le minimum que je peux faire aujourd'hui.
Entre temps, les couleurs du désert désert deviennent rougeoyantes.
Les dunes au soleil couchant.
Le coucher de soleil fait silence, tout le monde est assis sur cette immense dune et contemple le paysage en essayant encore d'imprimer ce moment.
Le soleil disparait, les couleurs du ciel sont rendent quand même beaucoup moins bien photo qu'en vrai.
Dernières lueurs du jour, comme tous les jours le froid arrive vite. Heureusement le sable est encore chaud, je plonge mes pieds dans le sable et je reste là, un long moment.
Puis avec la nuit revient ce ciel rempli d’étoiles. Difficile d’envisager redescendre, je veux profiter au maximum de l’instant. Je suis le dernier à redescendre de la dune.
Et c'est la que mes problèmes commencent... On va commencer à dire que je les cherche ! Il n’y a plus personne et je ne sais pas ou se trouve le bivouac. Il y en a plusieurs à Chegaga, mais comment être sur que c’est le mien. Et je n’ai pas mis de point GPS avant de monter… Je vois quelques lumières en bas qui ressemblent à des campements.
Je descends donc en direction de la lumière, j’espère que c’est là, sinon je demanderai mon chemin. Dans la nuit, c’est pas facile de monter et descendre ces grandes dunes, on ne voit pas le dénivelé alors que cette nuit on a une demi lune dans le ciel.
Arrivé au bivouac, bien sur ce n'est pas le mien. Je demande mon chemin mais je n’ai pas noté le nom du bivouac. Ils ne savent pas trop comment m’aider car je n'ai aucune indication : je ne connais pas le nom du bivouac, donner le nom de Mohammed risque de ne pas vraiment aider, surtout qu'il n'a pas de numéro de téléphone.
Je quitte le campement et continue mon chemin dans la direction que mes sens semblent m'indiquer être la bonne. Mais à l'inverse, finalement je sors de la zone à bivouac, là je suis vraiment perdu !!! Il fait nuit, je n'ai plus aucun repère.
Le GPS indique un campement à quelques centaines de mètres.
C'est un campement de nomade qui est faiblement éclairé au creux d’une dune. Je m’approche, des femmes sont dehors avec les enfants. En me voyant, elles rentrent chercher un homme pour parler avec moi. Heureusement un des leurs parle bien français. Il demande à un jeune de me ramener au premier campement de touristes. Ce sera déjà ça, il me dit que de là bas, ils pourront appeler les quelques autres bivouac alentours car ils se connaissent tous.
En route, on discute avec le jeune, il voit mon téléphone et me demande si j'ai de la musique dessus. Il est aux anges quand je lui mets une musique, bien que l’on brise quand même le silence majestueux du désert, on rigole bien.
De retour au campement, Mohammed est là, je remercie mon jeune guide. Je suis bien content de le revoir. Il me cherchait aussi et les guides du bivouac avaient passé le mot que quelqu’un cherchait son chemin. Il me dit que cela arrive très souvent que des gens se fassent surprendre ainsi à Cheaga, la nuit tombe vite et on perd ses repères. Lui semble en tout cas connaître le chemin parfaitement car on coupe dans les dunes tout droit jusqu’à notre campement, il me dit connaître par cœur le coin car il amène des touristes très souvent.
Arrivé au camp, le diner est prêt, j’ai juste le temps d’enlever les chaussures que les plats sont servis sous la tente nomade, super ambiance avec les touristes présents, Michel le canadien, et les deux suisses de Bâle sans oublier Mustapha leur guide.
Après le diner, on sort autour du bucher pour une soirée de chants nomades. C’est sur que c’est très cliché touriste, mais on est là dans le désert à écouter des chants nomades autour d’un beau feu sous un ciel étoilé, encore un beau moment.
La nuit fut moins fraiche que sous la tente canadienne, les tentes du bivouac sont équipées de lit avec plusieurs couvertures, on n’a pas froid c’est parfait. Je me lève un peu avant le lever de soleil pour encore profiter une dernière fois du spectacle des dunes au matin.