La ville du premier empereur, Xi'An, est une grande ville d'histoire et capitale d'une région passionnante. La ville en elle même qui est au bout de la route de la soie accueille une population diversifiée aux accents centrasiatiques. La ville a conservé certains sites d'envergures tels que le mur d'enceinte ou la tour de la cloche. Autour de la ville, le massif de Huashan est une destination de premire choix. Mais si Xi'An attire autant de visiteurs c'est pour le site archéologique du premier empereur Qin, vraiment remarquable, unique.

Pour la semaine de vacances du Nouvel An chinois, direction Xi’An (西安). Capitale de la province du Shaanxi (avec deux a dans le texte car c’est un troisième ton : 陕西) et de nombreux empires qui ont régné sur la Chine, elle contient un fort patrimoine historique mais aussi culturel car elle a longtemps correspondu à la dernière ville de la route de la soie. Les caravanes y apportaient les trésors de l’occident, beaucoup sont restés dans la ville, ainsi la communauté musulmane de la ville est très importante. Le premier empereur y a établi la capitale de la Chine unifiée pour la première fois. Qin Shi Huang Di, dont la dynastie ne survivra pas à sa mort, et sera remplacée par celle des Hans (environ -220 av JC), aura été visionnaire avec l’unité de l’écriture, de la monnaie, mais aussi terriblement sanguinaire.

Il érigea un tombeau dans lequel il voulut que l’on reproduise son armée afin de le protéger dans l’au-delà. Les guerriers en terre cuite (兵马俑) se trouvent à 40 minutes de la ville de Xi’an ont été découverts par des paysans il y a 30 ans. On en compterait plus de 3000, chacun unique, mais les visiteurs ne peuvent accéder qu’à une fosse qui en contient « seulement » 700. Le secret fut conservé car toutes les personnes qui avaient été mises au courant, comme les potiers par exemple, ont été ensevelies avec l’empereur…

Effectivement, l’effet de masse nous prend lorsque l’on pénètre dans l’immense bâtiment destiné à protéger les fouilles. Les guerriers se tiennent debout en ligne dans des tranchées. Il fait un peu froid, en effet la neige recouvre les arbres à l’extérieur et ce n’est pas le timide soleil qui va nous permettre de nous réchauffer. Les guerriers sont en moins bon état plus on avance dans la fosse, en effet, ils sont encore en cours de restauration et de recomposition. On aperçoit des tranchées ou la terre recouvre encore partiellement les têtes. Malheureusement, la deuxième fosse était fermée, celle où se trouvent les hauts gradés et les chars. On aura un aperçu dans le hall d’exposition à coté, mais derrière une vitrine, l’impression n’est pas la même.

La ville de Xi’An est encore entourée d’une muraille, elle aussi restaurée. La gare nous dépose en face de cet imposant mur, les tours de défense nous font face. De Chengdu à Xi’an, il y a plus de 800 km, mais il nous a fallu 15 heures pour les parcourir. Heureusement, les couchettes des trains sont correctes et nos compagnons de voyage, d’abord surpris de voir des étrangers sont ensuite très gentils. Même le personnel de la compagnie des trains préférera passer la soirée à discuter plutôt qu’à s’occuper du wagon. Ces dames étaient même très curieuses, et nous posaient beaucoup de questions, parfois très personnelles.

Nous saurons par la suite que les trains sont plus ou moins rapides et classés par des lettres. K, T, Z, N, et… pas de lettre pour les plus lents comme le notre. En fait, toutes les demi heures pendant la nuit, nous nous sommes arrêtés pour laisser passer d’autres trains (on les entendait klaxonner puis nous croiser dans un grand bruit). En moyenne, nous avons donc roulés à 50 km/h environ…

Nous avons visité les murailles de la ville par la porte sud, la plus grande, qui a conservé son pont-levis et ses douves. De là haut on peut dominer le cœur historique de la ville mais aussi les quartiers à l’extérieur des murailles qui s’étendent à perte de vue. Au centre de la ville, il y a la tour de la cloche et la drum tower, qui marque le début du quartier musulman. Ce sont de grands bâtiments, rénovés. Le quartier musulman se caractérise par une grande intensité, des odeurs de grillades, les caractères chinois se mêlent à l’alphabet arabe, les habitants du quartier ont des traits moins chinois que turcs… La grande mosquée tient aussi de ce mélange surprenant, elle ressemble beaucoup plus à un temple bouddhiste, par ses toits, ses tours. Seuls quelques inscriptions en arabe peuvent nous faire deviner que l’on se trouve dans une mosquée.

Les vendeurs de rue proposent de nombreux petits plats pour une modique somme. Très pimentées, les galettes aux herbes remportent mon choix. Un bol de patates au piment avec des oignons nous restera sur l’estomac, car déjà ce n’étaient pas des patates. Peut être une pâte de riz aux œufs à la texture gélatineuse…

Après avoir visité la grande pagode du Sud de la ville, notre train nous attend. La gare est bondée, les gens commencent ils à rentrer chez eux après les fêtes du nouvel an ? En tout cas, notre wagon couchette sera plein, contrairement à l’aller. Nous faisons la connaissance d’un jeune couple (de notre age en fait), qui vient du Hebei. Cela fait déjà deux jours qu’ils sont dans ce train, et ils vont à Chengdu voir la famille d’origine de la fille afin que le jeune homme puisse demander sa main. Nous parlerons longtemps des différences de traditions, en tout cas ils nous ont assuré qu’ils passeront leur lune de miel… en Provence !! 15 heures plus tard, il est midi et nous arrivons à Chengdu. Il pleut (pour ne pas changer) et il fait froid. Les voyages en train sont vraiment une aventure en Chine, de par les distances parcourues, que la qualité de l’organisation, que les rencontres que l’on fait. Cela reste une très bonne expérience.