Pour ce quatrième jour de découverte du Sud Maroc, je décide de partir un peu plus tôt car j’ai un peu de route, en effet je compte passer la journée dans les Gorges du Todhra, qui sont à un peu plus de deux heures de route. C’est un peu long ces allers retours car finalement ça fait passer beaucoup de temps sur la route, peut être un point de chute vers Boumalnes aurait été plus judicieux si on compte comme moi faire deux jours dans cette zone. Néanmoins l’auberge de Skoura est très agréable et on est content d’y rentrer le soir. Donc finalement, la contrainte de la route est effacée par ces soirées passées chez Mohammed.

Comme la veille, je prends la route qui remonte le Dades, puis après Boulmanes, je continue tout droit direction Tinghir. Le paysage sur le bord de route est lunaire, les montagnes au loin comme souvent dans la région arborent différentes bandes de teinte pastel. Au Sud, le massif du Djebel Saghro. Pas un arbre dans le coin, pas pratique si on a une envie pressante de faire pipi ?

En suivant l’oued Todhra en sortant de Tinghir, on tombe sur une magnifique palmeraie. La densité de palmiers est impressionnante. Depuis la route on a plusieurs points de vue différents sur cette palmeraie qui débouche des gorges et s’étire vers la plaine. Vue depuis une petite aire de repos sur le bord de la route, avec un chamelier qui attend les touristes pour la photo.

Des enfants se proposent comme guide pour visiter la palmeraie, néanmoins avec les hautes montagnes autour, je doute que ce soit nécessaire quand même.

Je profite d'un passage de nuages qui tachettent la montagne de couleurs plus sombre pour faire une dernière photo de ces palettes de pastel.

 L’Oued a ici creusé profondément dans la roche pour se frayer un chemin tout en courbe, au point le plus profond, il y a 300m de falaise que les passionnés d’escalade ont trouvé comme terrain de jeu exigeant (un villageois m'a dit qu'un français a ouvert au village devant les gorges un magasin de matériel d'escalade).

On entre d'abord dans la gorge qui est encore plutôt large.

Le contraste entre l'ocre de la pierre et le vert de la palmeraie est grandiose.

Puis on entre dans la gorge à son niveau le plus profond (après s'être acquitté d'un droit de passage de quelques dirhams), impressionnant.

Le vent souffle fort dans la gorge et le soleil ne vient pas nous réchauffer, il fait très frais.

J’ai emporté avec moi une vieille édition du Lonely Planet Maroc, et dedans il y a une suggestion de balade autour de la gorge. Je me gare après la gorge principale en face de la zone où se trouvent les grimpeurs.

La montée se fait juste après le canyon principal par un escalier qui devient rapidement un chemin muletier facile à suivre.

On grimpe dans un paysage minéral absolu.

Une vieille dame passe avec ses ânes. A mon passage elle me demande de l'argent d'abord puis à manger. J'ai quelques amandes, que je partage avec elle.

Ici aussi, tout comme dans les gorges du Dades, on a cette sensation d'avoir été téléporté dans des paysages de l'Ouest américain.

Au col, le vent souffle fort, des gens ont utilisé des cailloux pour écrire des messages sur le sol en Amaghiz. La petite balade pour grimper est très sympa, pas trop longue, en se retournant on aperçoit la route.

De l'autre côté, visiblement il y a une autre gorge, mais le chemin ne va pas dans cette direction.

Au contraire, le chemin bifurque vers le Sud afin de contourner les gorges du Todhra et revenir vers le village au pied des gorges, au loin la palmeraie de Tinghir.

Puis on découvre des habitations de nomades, qui vivent ici avec leur chèvres. Je rencontre une famille, que je ne dérange pas car le père est en pleine prière.

La vue est extraordinaire depuis le sommet.

Sur le chemin de la descente, je rencontre un enfant puis une femme puis un homme qui sont chacun dans ces montagnes avec leurs bêtes.

Tous demandent de l’argent ou à manger, ou une cigarette. La descente est un peu plus difficile car il y a beaucoup de rochers sur le chemin et il faut faire attention à ne pas se tordre une cheville car on regarde le paysage plutôt que devant ses pieds, c’est tentant pourtant tant le paysage est grandiose. Ici les montagnes ont des formes bizarres, de longues stries partent du haut de la vallée jusqu’à l’autre versant en faisant comme des vagues.

Alors que je descends en direction du village, j’entends l’appel du Muezzin parvenir de différents endroits de la vallée, en décalé les uns des autres, dans ce décor superbe. Je m'arrête et écoute ces appels, qui se chevauchent et emplissent le paysage de spiritualité.

On arrive au dessus des anciennes kasbahs du village de Tiguediz.

Je tombe sur des enfants qui eux aussi demandent de l’argent. Je refuse et ils n’insistent pas, par contre ils sont très intéressés pour voir mon téléphone de plus près. Je me prends au jeu et on passe une bonne demi heure ensemble; ils sont mort de rire en voyant les vidéos de mes enfants.

Pour rejoindre la route, il faut traverser l'oued.

En contrebas il y a un pont de bois, ce qui me ramène au pied des gorges du Todhra. La boucle m’a pris un peu plus de 2h30 jusqu’à la route, puis encore 1h pour remonter tranquillement la route vers la voiture garée de l’autre côté tout en discutant avec un villageois qui se promenait après sa journée de travail. On retraverse ensemble les gorges qui ne sont plus directement éclairées.

La randonnée est vraiment intéressante à faire en plus de la découverte simple des gorges, qui peut être bref. Franchement je le recommande.

Au retour, le soir il n’y a quasiment plus personne, la route du fond des gorges est utilisée par les sportifs du coin qui font du des exercices physiques ou du foot alors que la gorge est maintenant rougeoyante.

Je profite de la lumière douce de la fin de journée pour refaire les points de vue sur la palmeraie du matin, ici des vieilles demeures qui émergent de la palmeraie.

Là une vue panoramique sur toute la palmeraie de Tinghir.

Le soir, il n'y a plus de vendeurs ni de chameliers, par contre des voitures sont garées et quelques groupes de marocains profitent de la vue tranquillement.

En tout il me faudra deux heures pour rentrer sur Skoura juste avant le diner.

Ce soir, nous serons en petit comité à la table de Mohammed, nos jeunes compagnons de la veille sont déjà partis en direction de Merzouga. Néanmoins, ce fut encore une fois une soirée riche de discussions passionnantes, plus intimes c’est incroyable comment le voyage permet de faire ce genre de rencontre inattendues et si enrichissantes.