Dans la région du Jiangxi, dans le Sud Est de la Chine, nous partons à la découverte d'une région réputée pour la beauté de ses villages tout blanc et noir entourés de champs de colza en fleur. En petit groupe, nous demandons à un chauffeur de nous y conduire pour le week-en depuis Shanghai.

Nous partons à 18 heures de Xujiahui et restons une bonne heure dans les bouchons pour sortir de l'agglomération shanghaienne. Le Vendredi en fin d'après midi, les villes chinoises comme les villes occidentales sont complétement bouchées, nous prenons donc notre mal en patience. Nous passons par le périphérique de Hangzhou, puis commence l'autoroute des montagnes jaunes. Au retour nous nous apercevrons que les paysages de la région entre Hangzhou et Wuyuan sont vraiment d'une beauté exceptionnelle : des montagnes, des champs de thé ou de colza, des rivières au fond de vallées avec de petits villages... On y reviendra surement ! Vers minuit, nous sortons de l'autoroute après avoir traversé les provinces suivantes : Shanghai, Zhejiang, Anhui puis finalement Jiangxi.

Etant donné que le printemps correspond à la haute saison touristique (voir le billet prochainement "coup de gueule sur l'industrie du tourisme en Chine"), il est difficile de trouver un hotel pour la nuit et nous n'avons pas le choix : un hotel de niveau 2 étoiles françaises à 450 RMB la nuit.

Après une nuit plutôt calme, si ce n'est les klaxons, les voisins de chambres qui claquent les portes et surtout le gong. Le gong de la ville, qui est en fait un gros haut parleur, sonne la même rengaine qu'à la gare de Beijing, toutes les heures et rappelle l'heure : "beijing shijian ba dian". Ca fait très soviétique et sinistre à mon gout.

Après un petit déjeuner chinois (oeufs durs, baozi au tofu et piment et soupe de nouilles) qui nous motive pour la journée, on prend la route direction Qinghua puis Likeng. La route en elle-même est superbe, on s'arrete de temps en temps pour admirer le paysage, prendre des photos et respirer l'air de la campagne chinoise. De nombreux touristes chinois ont la même idée et dans un concert de klaxons, moteurs diesel et cris on essaye de trouver la sérénnité du lieu.

Le petit village de Likeng se trouve au confins d'une route de montagne difficile. Impossible n'est pas chinois, alors que l'on ne pouvait pas croiser une voiture berline avec notre van, on voit un bus garé sur le parking devant le village. Le village s'est construit le long d'une petite rivière. Les maisons sont de l'époque Tang et/ou modernes, l'atmosphere de ce lieu est intéressante : de nombreux étudiants en dessins sont assis le long de la rivière et le regard sérieux peignent le paysage avec plus ou moins de réussite, on verra un véritable artiste à l'oeuvre. En visitant une ancienne école populaire (traduction de l'inscription en chinois sur la porte) avec une ancienne peinture murale propagandiste. Myriam sera à ce moment là interceptée par des photographes chinois qui la prennent en photo pendant un quart d'heure. De 3 au début, ils seront finalement une vingtaine à la prendre en photo.

Pour le repas, notre chauffeur nous propose de s'occuper du choix du restaurant. Merveilleuse idée, il a aussi des talents de cuisinier caché et surtout c'est un critique gastronomique hors pair. Je m'amuse à le suivre dans sa quête du restaurant du village où le plat principal consiste à tuer un poulet, le déplumer dans la rivière juste à côté de la grand mère qui lave son linge et d'une autre qui fait sa vaisselle, de le faire bouillir puis de le déguster dans son bouillon. L'obsession du chauffeur : trouver un paysan qui a des poulets fermiers qu'il a élevé lui-même. On est donc parti pour une visite de TOUTES les basse-cours du village afin d'analyser les poulets et l'écouter argumenter sur les qualité de tel ou tel volatile. On finit par en trouver un, et il décide de rester à côté du paysan pour vérifier qu'il tue bien le poulet qu'il avait choisi (80RMB pour le poulet entier). On s'installe dehors et on attend les plats avec quelques bières. Le poulet bouilli, c'est comme dire... bizarre. Mais ca se mange bien quand même.

Dans l'après midi, nous redescendons vers Wuyuan en s'arretant au gré de nos envies sur la route. Nous apercevons un paysan avec 4 buffles. Nous nous arretons pour voir ces bêtes de plus près. Il nous confie que chacun des buffles a une valeur de 6000RMB à 8000RMB ce qui est très important. Mais il doit faire attention car pendant qu'il nous parlait un de ces animaux en a profiter pour se faufiler dans son potager et mangeait sa laitue.

Dans la vallée, tous les bus de touristes, les vans et voitures sont embouteillés. On ne peut pas circuler, nous décidons alors de changer d'étape et de visiter le village de Likeng (un autre Likeng) qui se trouve être une manne à touriste incroyablement abimée. Le droit d'entrée de 60RMB comme dans l'autre Likeng est injustifié lorsque l'on voit les infrastructures construites telles un parc d'attraction : des faux temples, une fausse rivière pour faire du canot à bambou (après avoir attendu une demi heure son tour), une rue commercante faite d'étals ressemblant aux marchés de Noël !!! On arrive finalement au village après que les filles aient succombé au désir d'achat, normal il y avait quand même des trucs intéressants disent elles. Le village est surement très beau, mais difficile d'aprécier quand on a l'impression que la totalité des 1,3 milliards de chinois ont décidé de se donner rendez-vous dans la rue centrale ! On se croirait à Zhouzhuang à côté de Shanghai un week-end de fêtes ou la gare de Canton un jour comme un autre. Pourtant dès que l'on sort de cette petite rue centrale, le village est VIDE ! on peut profiter des petites ruelles, des champs de colza alentours, de la nature à la nuit tombée seuls. Heureusement, car on était vraiment déçu avant cela. Pour rentrer au van, nous repassons dans la rue centrale encore plus densément peuplée, tout comme le chemin pour rentrer au parking, incroyable le nombre de touristes chinois que les bus déversent devant les portes de Likeng.

Pour la soirée, nous dormons à Xiaoqi, sur la route vers les terrasses de colza, qui restera le moment le pus spectaculaire de notre séjour à Wuyuan.