Le bus part de Chengdu à 6h40 du matin, il faut 12 heures de route pour parcourir les 400 kilomètres qui séparent Chengdu de Jiuzhaigou. Récit d'un long voyage en bus et découverte du splendide parc national de Jiuzhaigou, un joyau du patrimoine naturel de Chine.

J’embarque dans un bus où je suis le seul étranger et je suis tombé sur plusieurs phénomènes qui vont égailler ce long voyage. Ma voisine de gauche mange des pattes de poulet et recrache le cartilage sur le sol du bus. Ma voisine de droite vomit a chaque virage et quand ce n’est pas du contenu gastrique qu’elle déverse dans le sac plastique bleu donné par le chauffeur, c’est avec de gros crachats blancs que dans un raclement de gorge difficilement égalable qu’elle les remplit avant de tous les ranger sous son siège, au cas où ? Pas loin, un petit homme chauve fixe le téléviseur qui passe un show comique et rigole à toutes les blagues au lieu de regarder par la fenêtre le paysage époustouflant qui défile. Je pourrais rajouter d’autres anecdotes sur les voyages en bus en Chine mais j’ai peur de dégoûter certains à venir découvrir des régions du Nord Sichuan qui ne sont pas accessible autrement. Accompagné de la fine équipe, nous quittons la plaine de Chengdu et commençons à grimper.

Les chauffeurs de bus sont effrayant dans leur manière de considérer la sécurité des passagers. Il ne faut pas être d’un tempérament stressé pour faire ce voyage car on passe souvent très près du ravin, de la vache qui traverse, de la voiture en contre sens, des éboulements, du rocher qui dépasse, du camion renversé et de sa marchandise. Il faut ne pas non plus être sensible au bruit. En effet, c’est au klaxon que le bus indique sa présence. Un klaxon vraiment très fort et qui réellement tape sur les nerfs. On comprend donc que les bus chinois ont quelque chose de stressant, pourtant le paysage est tellement beau qu’il semble devoir se mériter par ces épreuves. Néanmoins au-delà de tout cela, le danger est réel, depuis l’accident que Myriam et moi avons subi l’année dernière dans un bus dans le Guangxi, je suis toujours inquiet car cela peut arriver. Et cela est arrivé, mais pas pour nous. Nous croiserons un attroupement autour d’un petit ravin, au fond de ce trou, un bus fumant qui venait sûrement de tomber… Ce n’est pas ce qui va rassurer.

Finalement le voyage se passera sans problème. Toutefois, en arrivant dans la vallée de Jiuzhaigou, la police a monté un barrage. Qu’il y est un rapport avec les événements du Tibet, je ne sais pas, pourtant lorsque l’agent monte dans le bus mitraillette à l’épaule, il remarque tout de suite le seul étranger, moi. Premier contrôle des papiers, je présente mon passeport. Tout va bien, je pense que c’est bon car il se retourne et descend du bus. Après deux minutes pendant lesquelles tous les regards sont tournés vers moi, le policier revient et me demande de descendre. Je le suis et il me présente à son supérieur. Il a les lunettes fumées, le 4x4 et l’air assuré du cow boy américain. Il me parle en anglais et me demande mon passeport, me questionne sur ma présence dans le bus. Puis je peux enfin remonter dans le bus. Nous redémarrons et poursuivons notre route sans aucun problème. Les Chinois qui m’entourent, un peu curieux, semblent encore plus focalisés sur moi. Plus tard, un viendra me demander combien j’ai payé le policier pour remonter dans le bus et ne pas avoir d’ennuis. Je verrai beaucoup de policier lors de mon séjour mais sans avoir de problèmes.

A Jiuzhaigou, on a l’impression d’être au cœur des Alpes. En plus grand et avec des caractères chinois partout bien sur. Des sapins, des petites rivières et ce petit air de montagne. L’auberge de jeunesse conseillée par le guide de voyage est fermée, une famille de Chinois de mon bus se retrouve aussi sans lieu où dormir. Ils me proposent alors de prendre une chambre à 4 pour eux trois et moi afin de réaliser une bonne économie et aussi de faire connaissance. Il y avait la grand-mère, la mère, le fils ils viennent du Hunan, et font un voyage dans tout le Sichuan. Ils m’invitent à manger et démontrent encore une fois combien les Chinois sont accueillants et savent recevoir. Nous mangerons un Hot Pot bien sur, mais cette fois au poisson. Je m’étonnerai moi-même car après 3 mois dans la province du Sichuan, je commence à manger les plats épicés à en être rouges vif sans tomber malade derrière. La discussion lors du repas tournera autour de la Chine, la France, le voyage, et les événements au Tibet bien entendu. Encore une fois, les citoyens Chinois ont une vision de la réalité différente, sans gober tout ce que Xinhua l’agence de presse officielle de la RPC publie, ils soutiennent la répression de ces quelques éléments qui démobilisent la Chine peu de temps avant son rendez vous avec le monde.

Départ aux aurores pour profiter pleinement de la journée dans le parc national de Jiuzhaigou, réputé en Chine pour ses lacs aux couleurs d’un bleu profond et ses montagnes de sapins aux cimes enneigées. Jiuzhaigou se traduit par "neufs villages de la vallée" approximativement, cela correspond en fait aux neufs villages tibétains qui se trouvent au cœur même du parc. Le sentier fait en tout plus de 40 kilomètres, il y a un premier sentier qui part de l’entrée jusqu’à peu près à la moitié du chemin. A ce moment il faut faire son choix entre deux vallées. Celle de l’Ouest contient les lacs les plus beaux je choisirai donc celle là.
J’avais peur que les photos qui présente Jiuzhaigou soient retouchées, il me paraissait impossible que l’on puisse trouver un bleu si pur dans l’eau. Pourtant je fus vraiment impressionné par les paysages et il me semble que c’est vraiment l’endroit le plus extraordinaire de mon voyage au Sichuan.
Sur la route, je rencontrerais des étudiants chinois de Chengdu. Nous marcherons ensemble toute l’après midi. Je goûterai à cette occasion les ailes de poulet emballées sous vide dans un sac plastique que les chinois mangent à toute heure. Finalement ce n’est pas mauvais, j’en rachèterai même plus tard dans mon voyage, pour le petit déjeuner…

A la fin de la journée, on est exténué mais des images plein les yeux. Heureusement qu’un système de bus soit mis en place à l’intérieur du parc car même avec toute la bonne volonté du monde, il est impossible de relier tous les points de vue en une journée. A partir de l’après midi, je pris donc ce moyen bien pratique mais à la densité de population parfois critique. Alors que sur le sentier, nous n’avions croisé que 5 personnes… Effectivement, une manière peu fatigante de découvrir Jiuzhaigou est de prendre un ticket de bus illimité et de circuler en bus entre les lacs.

Cette nuit là mes compagnons de chambre chinois ne sont pas rentrés. Ils avaient néanmoins payés leur part de la chambre afin de ne pas me laisser la charge à moi tout seul, encore une fois une grande preuve de gentillesse.