Après une nuit de train, nous arrivons à Petrozavodsk, en Carélie. La gare n'est pas belle, les quartiers traversés en train autour sont très sales, les routes défoncées, le ravalement de façade oublié depuis longtemps. La ville de Petrozavodsk se situe au bord du lac Onega, le deuxième plus grand lac d'Europe. Finalement la ville se révèlera plutôt agréable, surtout que la saison touristique n'étant pas commencée, on est coincé ici dans l'attente d'un bateau. Finalement, on embarque avec un bateau de ravitaillement et notre séjour prendra une tournure vraiment imprévue.
En planifiant notre voyage en Russie, nous savions qu'il y avait un risque que les liaisons entre Kizhi et Petrozavodsk n'aient pas encore débuté. Pourtant, je pensais qu'en Mai, nous ayons la possibilité de traverser le lac. Quelle fut notre déception lorsque nous arrivons au quai du ferry et que le vendeur nous répond avec la froideur caractéristique des russes qui accueillent le public que non il n'y a pas de bateau aujourd'hui, revenez demain... Bien entendu le lendemain il n'y aura toujours pas de bateau : « il n'y a pas de bateau aujourd'hui, revenez demain ».
Quelques photos de Petrozavodsk, capitale de la République de Carélie
Ce n'est pas que passer une semaine à Petrzavodsk nous dérange plus que cela, mais en ce début de mois de Mai, il n'y a RIEN à faire !
Voiture locale, on en verra pas mal en province
On passe quand même à l'office de tourisme pour trouver une idée. On explique à l'adorable jeune fille russe notre problème et à notre grand étonnement nous répond qu'elle va essayer de nous arranger pour aller sur le lac Onéga. En attendant, elle nous propose un logement sur le lac, pas trop cher et nous donne des idées de restaurant. Toutes ses suggestions se révèleront géniales : l'hôtel flottant, pas cher et propre (il ne faut pas être sensible au mal de mer quand même), les restaurants et cafés, et surtout elle nous rappelle le lendemain en disant qu'elle a une solution, mais qui coutera un peu plus cher que le ferry. Bon, on avait vu pas mal de photo de Kizhi, et on avait bien envie d'y aller, et puis faire un tour sur le lac nous donnait vraiment envie, il fait si chaud en Russie ! Bref, elle nous explique qu'un bateau va aller ravitailler des îles sur le lac Onega, que le capitaine est d'accord pour nous prendre avec lui et il nous déposera dans une datcha ouverte aux touristes, le lendemain on prendra un hors bord pour aller à Kizhi. Puis le hors bord nous ramènera à Petrozavodsk. On ne reflechit pas longtemps et on se retrouve rapidement dans une voiture toute branlante au port.
Le petit bateau se charge en cartons de victuailles, puis nous montons sur le pont et s'asseyons sur des cartons.
L'eau du lac est sombre, presque complètement noire, il n'y a pas de vagues, on a l'impression de voguer sur une marée noire. Le paysage défile à faible allure, le capitaine garde la barre pendant que son acolyte qui nous prendra en charge ouvre un carton. Il en sort une bouteille de Vodka, de la saucisse et du pain. Nous pique niquerons sur le pont du bateau tranquillement et discuterons avec lui.
Pendant ce temps, le capitaine boit son alcool tranquille dans la cabine, il ne veut pas de notre vodka, il nous dit préférer le Whisky ! Les russes sont fidèles à leur image, froid en apparence mais vraiment sympa après un verre (ou plus) de vodka. Le temps est rapidement devenu froid, nous enfilons des combinaisons de marins épaisses, sans cela on se serait transformé en glaçon.
On passe quelques îles
On croise quand même un bateau et un Mig passe à toute vitesse au dessus de nos têtes
Nous approchons de notre destination, les îles sont couvertes de grands arbres.
Les quelques habitations sont très colorées.
Nous arrivons chez notre hote, il nous loge dans une charmante maison toute en bois. L'hiver, il accueille des touristes qui s'amusent à faire des tours en motoneige sur le lac Onega complètement gelé.
Un cadre parfait.
Pour le repas, il nous donne du bois et quelques victuailles. On s'allume un feu et en attendant qu'il fasse de grosses braises, on fait un tour dans une autre petite cabane au bord du lac, c'est un petit sauna privé. En sortant, on la fait à la russe : on saute directement dans l'eau noire du lac.
Le village dans lequel on loge.
Il est 11h du soir, et pourtant le ciel est encore clair, nous avons droit à un festival de couleurs, superbe soirée auprès du feu.
La préparation du diner devant notre maison de bois.
Un superbe coucher de soleil sur la Carélie.
Le lendemain, nous prenons le hors bord en direction de Kizhi. Les églises en bois de l'île de Kizhi sont inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le décor est magnifique, on passe à proximité d'îles couvertes de forets, il n'y a toujours pas de vagues sur le lac Onega. Nous arrivons enfin à Kizhi, premiers visiteurs du jour.
Les gardes nous préviennent de la présence de vipères dans les hautes herbes, avec une pointe d'humour russe : « si vous vous faites piquer, ça ne sert à rien de paniquer, nous n'avons pas de sérum sur l'île et le premier hôpital est trop loin pour vous sauver », hahaha. Bon on va faire attention, et effectivement on en verra énormément, et aussi sur les chemins !
Les édifices sont vraiment impressionnants. Les nombreux bulbes de bois s'élèvent dans le ciel, cet ensemble de bâtiments religieux témoignent du talent de travailleurs du bois du peuple de Carélie.
L'intérieur des églises est très austère mais avec profusion d'icônes, comme souvent dans les lieux de culte orthodoxes.
On fait une ballade complète sur l'île et on prend notre temps. Il faut dire que venir jusqu'ici ne fut pas simple.
En rentrant sur Petrozavodsk, on croise une ruine d'église sur un petit îlot.
Sur le chemin du retour, on aperçoit aussi des sortes d'iceberg de lac, comme si la calotte de glace qui se forme l'hiver sur le lac Onega n'avait pas fini de fondre et liberait encore quelques morceaux.
Nous avons passé un incroyable séjour en Carélie avec l'envie de redécouvrir cette région en hiver, les photos de notre hôte nous ont vraiment donné envie. Nous prenons ensuite le train de nuit jusqu'à Saint Petersbourg pour la suite de notre périple.